Déclaration conjointe des hauts responsables du Mécanisme à l’occasion de la Journée de la justice pénale internationale, le 17 juillet 2025

À l’occasion de la Journée de la justice pénale internationale, les hauts responsables du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (le « Mécanisme »), la Présidente Graciela Gatti Santana, le Procureur Serge Brammertz et le Greffier Abubacarr M. Tambadou, ont fait la déclaration suivante :
En ce 17 juillet, alors que nous commémorons la Journée internationale de la justice et l’adoption du Statut de Rome, nous devons nous rappeler que notre responsabilité commune est de faire triompher la justice pénale internationale et d’établir les responsabilités des auteurs des crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale.
Dans un monde en proie à une augmentation inquiétante des conflits armés et des actes de violence, les premiers mots du Statut de Rome expriment un sentiment d’urgence renouvelée : « Conscients que tous les peuples sont unis par des liens étroits et que leurs cultures forment un patrimoine commun, et soucieux du fait que cette mosaïque délicate puisse être brisée à tout moment […] ». En effet, notre engagement collectif dans le combat contre l’impunité est plus important que jamais. Les défis sont de taille, mais la responsabilité qui nous incombe l’est tout autant.
Les efforts internationaux conjoints pour obtenir justice ont eu une incidence forte, qui s’illustre dans les travaux pionniers du Tribunal pénal international pour le Rwanda, du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et de l’instance qui leur a aujourd’hui succédés, le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux. Cesinstitutions ont jeté les bases d’une justice pénale internationale moderne en veillant à ce que les principaux responsables de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre rendent compte de leurs actes : des réalisations qui n’ont été possibles que grâce au soutien indéfectible et raisonné de la communauté internationale.
La 30e commémoration du génocide commis à Srebrenica en 1995, qui vient d’être célébrée la semaine dernière, le 11 juillet, nous rappelle de manière solennelle le traumatisme persistant causé par les atrocités commises, la résilience des victimes et le rôle que joue la justice dans le processus d’apaisement et de mémoire. Aujourd’hui, nous rendons hommage aux victimes et aux rescapés, y compris à ceux qui sont intervenus en tant que témoins et ont contribué à cette longue et difficile quête de justice. En repensant à ces événements, nous nous souvenons également dugénocide des Tutsis au Rwanda en 1994, autre rappel brutal de ce qu’il se passe lorsqu’on laisse la haine se propager et du besoin urgent d’une solidarité mondiale face aux atrocités de masse.
D’aucuns soutiennent que la justice pénale internationale avance lentement, mais ses effets à long terme sont indéniables. Certes, la justice est un processus laborieux, mais elle conduit aussi à de profondes transformations, que ce soit pour les victimes et les rescapés, pour des communautés entières et dans le combat mondial contre l'impunité. L’établissement des responsabilités est une condition préalable à la réconciliation, et contribue à restaurer la dignité des personnes concernées par les crimes commis et à construire la vérité historique.
Aujourd’hui que toutes les affaires relatives aux crimes principaux sont achevées et que tous les fugitifs ont été retrouvés, le Mécanisme est arrivé à l’étape finale du cycle de la justice. Or, lecombat contre l'impunité est loin d’être terminé. Nous continuons de collaborer avec les juridictions nationales qui jugent les atrocités et nous sommes déterminés à préserver l’héritage des Tribunaux : un héritage qui joue un rôle essentiel dans la lutte contre la négation du génocide, le révisionnisme historique et la glorification des criminels de guerre. Tout aussi crucial est le contrôle continu de l’exécution des peines et la protection des témoins, des fonctions qui renforcent la crédibilité de la justice internationale et contribuent à garantir des résultats durables qui inspirent le respect.
En ce jour, nous réaffirmons notre engagement indéfectible envers l’état de droit et les principes de justice et d’établissement des responsabilités : des principes qui doivent être défendus avec détermination, même dans les périodes les plus difficiles.