Les hauts responsables du Mécanisme participent à une conférence axée sur le combat contre le déni du génocide et de l’holocauste à Sarajevo

Mécanisme
La Haye
le combat contre le déni du génocide et de l’holocauste

Les hauts responsables du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (le « Mécanisme »), le Président et juge Carmel Agius, le Procureur Serge Brammertz, et le Greffier Olufemi Elias, ont participé aujourd’hui à une conférence intitulée « Stop au déni du génocide et de l’holocauste » (Stop Genocide and Holocaust Denial) à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Tous trois ont prononcé aujourd’hui des allocutions dans le cadre de la séance d’ouverture de la conférence, à laquelle a également pris part, par message vidéo, Adama Dieng, Conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide.

Cette conférence, qui se déroule les 20 et 21 juin 2019, est organisée par l’Association des victimes et des témoins du génocide et le Mouvement des mères des enclaves de Srebrenica et de Žepa. Il s’agit de la quatrième conférence d’une série de rencontres traitant de divers aspects du jugement des auteurs d’actes constitutifs de génocide, et de la reconnaissance et l’acceptation de ce qui s’est passé, à l’échelle nationale et internationale. S’inspirant des travaux menés dans le cadre des conférences précédentes, la manifestation de cette année sera placée sous le thème du déni du génocide, et réunira notamment des juristes, des universitaires, des représentants des médias et d’organisations non gouvernementales, ainsi que des victimes, des témoins et des rescapés du génocide.

Durant son allocution, le Président Carmel Agius a condamné les mesures récemment prises par la Republika Srpska en vue de mettre sur pied des commissions sur le génocide de Srebrenica et de chercher à réécrire l’histoire de ces événements tragiques. Le Président a évoqué quatre façons de combattre le déni et le révisionnisme, en soulignant combien il était important de traduire les auteurs de génocide devant des juridictions nationales et internationales, de renforcer le rôle des responsables politiques et des membres de la société civile en tant que défenseurs de la vérité, de réformer le système éducatif et de prendre les mesures nécessaires pour ériger en crime le déni du génocide. Pour conclure, il a déclaré : « Nous devons tout mettre en œuvre pour isoler les négationnistes. Ils continueront de mentir mais, avec le temps, grâce aux efforts que nous aurons déployés, ils seront affaiblis. L’Histoire est du côté de la justice, et nous l’emporterons. »

Le Procureur Serge Brammertz a abordé l’état d’avancement des poursuites engagées à l’échelle nationale concernant les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide, les travaux menés par le Bureau du Procureur à l’appui de ces poursuites et les difficultés permanentes liées au déni et à la glorification des criminels de guerre. Il a rappelé qu’au cours des dernières années, il a rendu compte au Conseil de sécurité de l’ONU de la recrudescence inquiétante du déni et de la glorification. Il a fait remarquer ce qui suit : « Nous faisons un constat attristant : la situation aujourd’hui est la pire que nous ayons connue depuis de nombreuses années, car rares sont ceux qui, au sein de cette région ou à l’extérieur de celle-ci, ont réagi et fixé des limites ». Le Procureur du Mécanisme a souligné que les faits constitutifs des crimes commis ont été établis par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (le « TPIY ») et qu’ils sont incontestables. Il a conclu son allocution par ces mots : « Cette situation ne saurait être tolérée plus longtemps. Il faut mettre un terme au déni des crimes et à la glorification des criminels de guerre. Je suis fermement convaincu qu’aujourd’hui, il n’y a pas de tâche plus importante qui nous attende ».

Enfin, abordant le rôle du Mécanisme dans la préservation et la protection de l’héritage du TPIY, le Greffier Olufemi Elias a souligné l’importance de faciliter l’accès du public à l’héritage du Tribunal comme garde-fou contre le déni du génocide et d’autres crimes. Il a attiré l’attention sur la nécessité de comprendre, de respecter et de préserver les événements du passé reposant sur des faits établis et a ajouté : « Préserver cet héritage va également de pair avec la responsabilité de s’assurer que les conclusions tirées dans les milliers de pages de jugements et d’arrêts, de dépositions de témoin et d’éléments de preuve, ne soient pas éclipsées par une représentation erronée des faits ». En guise de conclusion, il a déclaré ce qui suit : « La mémoire, fondée sur des faits établis au-delà de tout doute raisonnable et accessibles à tous, est le meilleur bouclier dont on peut s’armer contre le déni et le révisionnisme ».

Dans le cadre de leur visite à Sarajevo, les hauts responsables du Mécanisme ont organisé un séminaire diplomatique conjoint à l’intention des représentants de la communauté diplomatique accrédités auprès de la Bosnie-Herzégovine et des représentants des organisations internationales. À l’occasion de ce séminaire, auquel ont participé quelque 45 membres du corps diplomatique, les hauts responsables du Mécanisme ont fait le point sur les travaux et activités en cours du Mécanisme.