Allocution du Procureur Serge Brammertz à l’occasion de la 25e commémoration du génocide rwandais à La Haye

Bureau du Procureur
La Haye
Procureur Serge Brammertz
Procureur Serge Brammertz

Aujourd’hui, Serge Brammertz, le Bureau du Procureur du Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux (le « Mécanisme »), a pris la parole à l’hôtel de ville de La Haye à l’occasion de la 25ecommémoration du génocide perpétré en 1994 contre les Tutsis.

Le Procureur a souligné que cette commémoration était l’occasion de réaffirmer notre volonté commune d’empêcher que d’autres ne connaissent les horreurs du génocide. Faisant observer que le « génocide rwandais était une attaque planifiée qui visait la destruction des Tutsis en tant que groupe [...], préparée aux plus hauts niveaux et mise en œuvre de manière organisée et coordonnée», le Procureur a rappelé que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) avait joué un rôle important en déclarant coupables 61 des principaux responsables du génocide.

Le Procureur a également souligné le combat que continue de mener le Bureau du Procureur pour que justice soit rendue aux victimes du génocide, en particulier les efforts qu’il déploie pour que les huit derniers fugitifs soient traduits en justice. Il a déclaré : « Pour les victimes, il est difficile, voire impossible d’avancer lorsque ceux qui sont accusés de crimes atroces sont toujours en liberté et n’ont pas eu à répondre de leurs actes devant la justice. Pour un tribunal pénal comme le Mécanisme, le travail n’est pas fini ; il ne le sera que lorsque nous aurons arrêté les derniers fugitifs. Et pour la justice pénale internationale dans son ensemble, les fugitifs sont le signe que l’impunité se poursuit et met en péril l’efficacité de nos travaux. » Le Procureur a souligné la nécessité d’une coopération urgente pour localiser et arrêter tous les fugitifs, y compris ceux qui sont recherchés par les instances judiciaires rwandaises.

Serge Brammertz a déploré le déni du génocide rwandais, sous toutes ces formes et manifestations. Soulignant que l’éducation et la mémoire sont des instruments essentiels de la lutte contre le déni et l’idéologie du génocide, il a déclaré ce qui suit : « Ce qui a été établi dans la salle d’audience doit être enseigné dans la salle de classe. Les générations futures doivent connaître les dangers de l’idéologie du génocide. Elles doivent connaître la vérité afin de pouvoir rejeter avec fermeté le déni de génocide, à tout moment et en tout lieu. »

Pour conclure, le Procureur a salué les efforts que le Rwanda déploie pour que justice soit rendue aux victimes du génocide en réunissant les tribunaux internationaux et nationaux et les juridictions traditionnelles Gacaca. Le Rwanda a ainsi montré au monde entier que la justice et la vérité – et non l’impunité et l’oubli – sont les piliers de la réconciliation.